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CINÉ RENCONTRE - SUNLESS SHADOWS

Dernière mise à jour : 28 mars 2023

Vendredi 05 MAI - 20H45

Cinélac

Rue du Lac

Ploërmel

En partenariat avec Cinélac-My Cinewest

Tarif : 6,50 €



SUNLESS SHADOWS

Un film de Mehrdad OSKOUEI

Iran-Norvège | 2022 | 1H14 min

Fort et rare, le nouveau documentaire de Mehrdad Oskouei entraîne les spectateurs dans une série de magnifiques portraits de jeunes-filles incarcérées pour le meurtre de leur père, de leur mari ou d’un autre homme de leur famille en Iran. Un film saisissant de profondeur et de dignité.

Synopsis:

Dans un centre de détention, des adolescentes se livrent devant la caméra de Mehrdad Oskouei. Il parvient à tisser un lien étroit avec les détenues dont il observe les conversations franches, les échanges ludiques. Elles révèlent leurs pensées intimes, leurs sentiments et leurs doutes. Il devient petit à petit clair qu’au-delà de la prison, cet environnement fermé et entièrement féminin représente un refuge qui les protège d’une société dominée par les hommes.


Le film sera suivi d'un échange avec le réalisateur iranien Merhdad Oskouei

Pour aller plus loin, vous pouvez aussi vous inscrire à la causerie du doc avec le réalisateur qui se déroulera le samedi 6 mai de 09h30 à 12H30 au Pass'temps à Malestroit.




À PROPOS DU FILM

Article de A VOIR à LIRE - Laurent Cambon - Journaliste cinéma

https://www.avoir-alire.com/sunless-shadows-mehrdad-oskouei-la-critique-du-film

Elles sont adolescentes. Elles sont déjà en prison. Elles se confient à la caméra pour parler de ce qu’elles ont commis, à savoir des meurtres pour la plupart. Les victimes sont des membres de la famille, des pères le plus souvent, dont le comportement était insupportable. Mais le passage à l’acte pénal est là pour autant. Mehrdad Oskouei n’entend pas justifier les crimes qu’elles ont commis. Il donne des clés de compréhension de ces figures féminines en faisant en sorte de laisser apparaître, au-delà du geste impardonnable, l’humanité du regard. On n’échappe pas à la critique de la loi du talion qui donne aux descendants des victimes le droit de vie et de mort sur les coupables. Mais en réalité, le documentariste dresse d’abord le portrait touchant et affectueux d’adolescentes avec des parcours familiaux difficiles voire chaotiques, dans un pays qui se débat entre modernité et traditions.

Le plus intéressant demeure les confrontations par le biais de la caméra entre les jeunes filles incarcérées et leurs mères, elle-même condamnées. La photographie est soignée, les visages semblent lisses, d’une incroyable beauté. Le documentaire évoque avec beaucoup de pudeur la question de la protection des enfants et des femmes dans un pays dominé par les hommes, incapables d’offrir un espace de répit aux mineurs maltraités. Ce déni de maltraitance, de soins psychiatriques, conduit au pire et le documentaire restitue avec pudeur cet échec social. Les jeunes adolescentes sont confondantes de tendresse et de force à la fois. Les scènes en prison les montrent dans un état d’adolescence qui a renoncé à l’innocence de la jeunesse. Elles tentent une insertion par le travail ou la scolarité, voire la sophrologie. Surtout, elles invoquent avec dignité la nécessité du pardon et de la compréhension du peuple iranien.


Mehrdad Oskouei est surtout connu en France pour son documentaire Des rêves sans étoiles qui traitait déjà en 2016 de l’incarcération de jeunes femmes en Iran. Ici, ce sont des enfants. Elles semblent assumer le crime qu’elles ont commis contre leur père. En fait, derrière l’assurance des phrases, il y a le désespoir des violences intrafamiliales, réduites à la condamnation par les fils survivants. Les adolescents se confient à la caméra, comme si l’écoute psychologique, l’éducation avaient déserté les murs épais de la prison. Le noir succède à la confidence avec parfois des scènes, plus rares, du quotidien en prison. On y perçoit de la joie, de la résignation, et l’impuissance à revenir en arrière de leur existence. Certaines jeunes-filles élèvent leur bébé, posant la question du lien maternel en prison. Mehrdad Oskouei filme des jeunes iraniennes, mais en réalité, le propos semble totalement universel. Il pourrait s’agir d’un film plus général sur le sort donné aux femmes et aux enfants maltraités par leurs pères, quand, faute de réponse sociale, le crime semble le moins pire.

Voilà donc un grand film qui succède à son pendant de 2016 Un rêve sans étoiles en espérant que les salles de cinéma françaises offrent un peu de place à ces gamines abîmées par la vie.











Copyright : Les films du Whippet
















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